Cybotron est réapparu à l'ère cyberculturelle contemporaine, au moment où les futurs artéfactuels commencent une transition vers une nouvelle ère "Méta".

En combinant leurs connaissances en philosophie, en science-fiction et en ingénierie mécanique, à une époque où les fabricants d'instruments électroniques commençaient tout juste à distribuer leurs produits au grand public, deux techniciens audio prosumers nommés Juan Atkins et Rik Davis ont réussi à ré-ingénier Cybotron - une combinaison des mots "Cyborg" et "Cyclotron" (un accélérateur de particules atomiques) - pour être utilisé comme une musique de performance en studio à domicile qui changerait le cours de la musique électronique produite et distribuée de manière indépendante.

En faisant disparaître la frontière entre chanteur, auteur-compositeur et producteur, Juan Atkins a nommé le son futuriste et funkadelique de Cybotron "techno" en référence au concept improbable de "rebelles techno" contre la technocratie d'Alvin Toffler. La techno est une musique qui sonne comme la technologie, et son objectif était d'aider la société à survivre à notre collision avec un "choc futur" universellement ressenti en insérant un virus audio dans la matrice culturelle.

Le modèle de la techno s'est propagé entre Detroit et Berlin, entre Metroplex et Tresor. Alors que la société humaine entamait sa transition d'une économie de marché post-industrielle à une économie de l'information, Cybotron a permis une réinitialisation complète des sens humains vers une hybridité homme-machine tangible et a montré au monde comment canaliser leurs émotions et leur imagination dans de nouvelles technologies sonores et créer de nouvelles spatialités 'sonores' où les auditeurs peuvent se transporter hors du monde physique vers le futur. La pochette de leur premier album "Enter" (1983) transmettait une vue fragmentée d'un corps en mouvement en train d'être numérisé en plein pas, faisant disparaître la réalité physique et virtuelle dans la fiction sonique.

Aujourd'hui, l'hybridité homme-machine de Cybotron est toujours la forme la plus authentique de la techno, évoluant en conversation avec la musique technologique qu'ils ont créée et inspirée. Le dernier disque de données marque un nouveau chapitre qui reflète une expression musicale techgnostique de la connaissance acquise pendant leur hiatus de plusieurs décennies. Contrairement aux répliques industrielles de la formule Model 500 dans la musique dance, reconnaissant les attentes du marketing de contenu qui segmente la musique en genres spécifiques et vendables, cette musique techno est auto-consciente. Cybotron traite les tropes de la musique dance engendrés par son propre modèle avec une précision méta-tactique désynchronisée avec notre nouveau monde rave actuel.

Le retour de Cybotron témoigne d'une implication étudiée dans ce qu'était et devrait être la techno, avec une mise à jour inégalée de l'idée inventive initiale de Juan Atkins de musique réingénérée électriquement en DIY, xérographiée des deux côtés du vinyle - téléchargée directement dans les ruelles de votre esprit.